Maladie de Lapeyronie : Solutions médicales et chirurgicales

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10% des hommes, principalement entre 50 et 60 ans, sont atteints par cette maladie qui est donc très fréquente mais totalement méconnue pour plusieurs raisons. La diminution de la puissance virile qui en découle constitue un tabou et rares sont les hommes qui osent en parler à leur médecin. Lorsqu’ils le font, les réponses médicales sont hésitantes voire inexistantes.

Ainsi, dans un premier temps, les hommes n’y portent pas d’attention alors que c’est pendant cette période initiale, qui dure environ six mois, que l’on peut espérer en guérir. Ils assistent passifs à l’évolution de cette maladie. Lorsqu’ils osent enfin en parler à leur médecin généraliste, celui-ci n’a que peu de réponses à leur apporter et la situation est déjà avancée.

L’on connait très peu de choses sur cette maladie mais l’on s’accorde néanmoins pour dire qu’une fois la phase inflammatoire et douloureuse passée, les lésions sont définitives. C’est malheureusement souvent à ce moment, que les patients recourent au Spécialiste qui n’a pas d’autre choix que de proposer une solution instrumentale ou chirurgicale.

Qu’est-ce que la maladie de Lapeyronie?

Un rapide rappel anatomique est nécessaire pour que chacun comprenne où se situe le problème.

La verge est formée d’un corps dit « caverneux » à droite et à gauche et d’un corps dit « spongieux » au bout duquel l’on trouve le gland et dans lequel chemine l’urèthre qui est responsable, entre autre, des sensations du plaisir car le gland est une zone érogène.

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La verge

Lors d’une stimulation sexuelle, chaque corps caverneux se remplit de sang. L’enveloppe des corps caverneux, appelé albuginée, a la propriété de se déformer mais elle est aussi très résistante. Lorsque la pression dans les corps caverneux est égale à la pression artérielle, les vaisseaux se comportent localement comme des écluses, et piègent le sang sous pression. Ce phénomène vasculaire explique l’élargissement, l’allongement mais aussi la rigidité de la verge en érection.

La maladie de Lapeyronie est une maladie acquise de l’albuginée du corps caverneux caractérisée par la formation d'une plaque de fibrose qui fait perdre son élasticité au corps caverneux touché. Ainsi, lors de l’afflux sanguin dans les corps caverneux, celui qui est indemne de fibrose s’expand normalement alors que celui où siège la plaque, ayant perdu son élasticité, n’est pas capable de se déformer de façon harmonieuse : l’axe d’allongement de la verge s’oriente alors, vers la plaque.

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Formation d'une plaque de fibrose

La conséquence de cette maladie, toutefois bénigne, est une déformation de la verge en érection (courbure, rétrécissement, étranglement, raccourcissement) qui peut entraîner des difficultés de pénétration et des troubles de l’érection.

La vie sexuelle du couple est alors fortement impactée.

Le moment où le diagnostic est posé

Plus le diagnostic est posé tôt, plus les chances de guérison et de disparition des anomalies sont importantes.

Au début, la déformation n’existe pas et ce sont des douleurs de la verge au repos ou en érection qui alertent le patient. La déformation apparait secondairement. Cette phase dite « inflammatoire » dure classiquement 6 mois.

Le médecin traitant prescrira alors, le médicament qui semble donner le meilleur résultat à savoir des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour contrôler la douleur en phase aiguë et la vitamine E orale pour empêcher l’apparition de zones fibreuses sur l’albuginée.

Ce traitement initié à la phase inflammatoire permet dans certains cas de faire disparaitre la plaque de fibrose. Il s‘agit d’un traitement long parfois de 6 mois pour la Vitamine E orale.

Au bout de 9 à 12 mois, les lésions sont stabilisées et la douleur a disparu. Il faut alors évaluer l’importance de la déformation et du handicap qu’elle entraine ainsi que la fonction érectile qui peut avoir disparu.

Après un examen clinique précis et une évaluation de la courbure aidée de photographies, les traitements sont envisagés.

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Les traitements médicaux ou instrumentaux

Il convient, avant d’aborder ce paragraphe, de comprendre que la multitude des solutions thérapeutiques proposées rend compte de leur faible efficacité. D’une façon générale et quelque soit la solution choisie, l’on arrive au mieux à 30% voire 45% de satisfaction, ce que est assez faible. De plus, certains traitements proposés dans le passé ont dû être abandonnés du fait de l’apparition de complications parfois graves.

Ainsi, l’on retient deux voire trois traitements, pour lesquels un consensus semble se dégager au moment où la plaque a fini d’évoluer.

Les injections de Vérapamil® sous la plaque à raison de 2 injections par semaines pendant 6 mois… Autant dire que l’observance est assez faible.

La lithotritie extracorporelle de la plaque est pratiquée soit avec un appareil de contact sur la verge directement ou soit en lithotritie classique. 3 à 4 séances sont conseillées. Mais il existe un risque potentiel de traumatisme des structures adjacentes et de provoquer la survenue de nouvelle plaque.

La technique d’élongation mécanique par vacuum a l’avantage de ne pas être invasive mais pose un problème d’observance.

Il semble donc raisonnable de proposer l’une ou l’autre procédure chez les patients ne relevant pas de la chirurgie (angulation n’empêchant pas la pénétration / érections conservées) ou avant la chirurgie.

Les traitements chirurgicaux – érections conservées ou non ?

Les hommes pour lesquels la pénétration est devenue impossible du fait de l’angulation ou qui n’ont plus une érection efficace, doivent se voir proposer la chirurgie car c’est une solution qui donne des taux de satisfaction proches de 75%. Quel que soit le geste, celui-ci est réalisé en ambulatoire sous anesthésie générale et une circoncision est conseillée qui permet de simplifier les suites opératoires.

Il faut distinguer les hommes qui ont encore des érections de ceux qui n’en ont plus et à qui il faudra proposer la mise en place d’une prothèse pénienne.

Les érections sont conservées – l’angulation est inférieure à 45°- la verge est assez longue

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L’on pratique une plicature de l’albuginée controlatérale à la plaque de façon à redresser la verge. La conséquence est une réduction de la longueur de la verge de 1 à 3 cm en fonction du nombre de plicatures réalisées pour obtenir une angulation correcte.

 

Les érections sont conservées – l’angulation est supérieure à 45°- la verge n’est pas assez longue

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Si la verge n’est pas assez longue pour supporter un raccourcissement de 3 cm parce que la plicature controlatérale serait trop importante, alors l’on doit retirer la plaque et remplacer le défect par un biomatériau comme le TachoSil®.

 

Les érections ne sont pas conservées

 

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Dans ce cas, l’objectif principal est de redonner un statut érectile permettant la pénétration grâce à la mise en place d’une prothèse pénienne et cela a pour conséquence automatique de redresser la verge au moment de l’érection puisque la prothèse se comporte alors comme un tuteur.

Conclusion

La prise en charge de la maladie de Lapeyronie est complexe car ses mécanismes de survenue le sont tout autant.

Le succès du traitement dépend de la précocité et donc d’une information correcte du patient qui ne doit pas rester passif face à la maladie.

Une fois la plaque stabilisée, la chirurgie doit être proposée aux hommes dont la vie sexuelle est impactée significativement soit du fait de la courbure de la verge qui empêche la pénétration soit par un affaiblissement important de la fonction érectile.

 

mise à jour: 05.11.2021

Auteur

Chirurgien Urologue, son expertise technique depuis 25 ans, obtenue grâce à sa formation hospitalo-universitaire, lui permet de prendre en charge en toute sécurité un vaste échantillon de procédures instrumentales et chirurgicales appliquées à la chirurgie plastique de l'appareil génital masculin.

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